Originaire de Metz, Ckraft est un jeune groupe instrumental de jazz metal sur fond de chant grégorien. Les mélodies médiévales font office de matériau de composition. Le son est lourd, élaboré : la puissance du metal s’allie à la liberté du jazz. Le groupe tire son nom de « craft », artisanat en anglais, et « Kraft », puissance en allemand. Un nom à l’image de leur musique. Ckraft se compose de Charles Kieny à l’accordéon augmenté, également à la base du projet, de Théo Nguyen Duc Long au saxophone ténor, d’Antoine Morisot à la guitare électrique, de Marc Karapetian à la basse électrique ainsi que de William Bur à la batterie. En 2021, ils sont lauréats du Fond Régional pour les Talents Émergents (FORTE) financé par la région Île-de-France. La bourse leur a permis de promouvoir leur premier album Epic Discordant Vision, paru en juin dernier. Le groupe actuellement sur la route achèvera sa tournée avec une release party à la Boule Noire ce lundi 14 novembre dont Hassan K fera la première partie. J’ai rencontré Charles lors de cette tournée afin d’en apprendre plus sur ce projet…

Quelles sont vos influences musicales au sein du groupe ?

« C’est moi qui écris toute la musique de Ckraft de A à Z. J’écris même les parties de batterie. Du coup les influences de ça, ça correspond à ce que j’écoutais en étant adolescent. J’étais tombé amoureux du métal et j’écoutais que ça. Et j’écoutais à fond genre Korn, Slipknot… tous les groupes qui cartonnaient bien à l’époque quand j’étais adolescent mais en particulier Gojira. Je dirais que c’est clairement l’influence au niveau du son, des riffs… c’est vraiment le truc qui m’a le plus marqué. En particulier l’album The Link, je l’ai tellement poncé ! Et ensuite, Meshuggah. Je n’avais pas compris tout de suite en étant ado mais plus tard Meshuggah m’a foutu une sacrée claque aussi. Et Car Bomb plus récemment. Que des groupes de metal extrême et qui vont chercher dans des chemins qui ne sont pas forcément évidents. Ce sont vraiment des groupes pas du tout clichés. Ils ont leur propre identité, ultra forte. Genre Gojira, t’as des intros où t’as des morceaux avec de la guimbarde, du didjeridoo… T’as des sons qu’on ne croise pas souvent dans le métal, qui sont dans cette volonté de métissage et d’exprimer la puissance de la nature et la violence de l’homme. Pour moi, c’est vraiment ça la base de la base. Plus tard dans l’adolescence, j’ai vu un big band de jazz jouer en live. En fait, c’était plutôt l’atelier local du conservatoire de l’atelier de jazz, tu vois. Le jazz apparaît là. J’avais 17 ou 18 ans. »

C’est vrai que t’as fait le conservatoire aussi.

« Ouais… À l’époque quand j’ai décidé de faire de la musique, j’avais 17-18 ans. Je ne lisais pas la musique. J’étais vachement en retard donc je me suis mis dans le conservatoire local pour premièrement apprendre à lire les notes. Je me suis dit « vas-y c’est quand même assez essentiel si tu veux évoluer dans la musique sur le continent européen » où c’est quand même pas mal basé sur la lecture de notes à la base. Donc, j’étais parti dans cette direction très « conservatoire » et j’ai un peu découvert le jazz via cet atelier avant même d’y être inscrit. C’est ça qui m’a fait switcher… je me suis dit « le jazz c’est un truc de fou ! » Surtout le sax en fait, ça m’a beaucoup parlé. Au saxophone tu vois, ce sont des musiciens qui jouent un thème, qui créent un cadre et à l’intérieur de ce cadre ils peuvent ensuite s’exprimer et partir dans une liberté totale. Néanmoins, toujours régie par une certaine structure. Et pour moi, c’est une pure définition de la liberté, ce truc de la liberté des uns commence là où s’arrête celle des autres. Ce truc de : t’as un cadre, t’as un carcan, t’as une culture centenaire derrière toi et tu dois improviser là-dedans. Tu dois t’exprimer, au service de la musique globalement comme au service de ton individualité, tout en étant au service du groupe. Je n’avais pas formulé tout ça dans ma tête comme ça à l’époque mais le jazz m’avait foutu une sacrée claque. Du coup, du jour au lendemain, j’ai tapé jazz sur un moteur de recherche et j’ai téléchargé tout ce que je pouvais. Je suis passé du métal au jazz, tout en gardant les deux toutes ces années. Enfin, j’ai découvert un peu plus tard, dans mon jeune âge adulte, le chant grégorien. Je faisais des études à la fac. On étudiait la musique au Moyen-Âge et les chants grégoriens m’ont foutu une claque de ouf ! J’ai retenu ce matériau mélodique. Plus récemment, j’étais même dans un atelier, une sorte de chorale, de chant grégorien au conservatoire de Paris. J’ai trop kiffé ! Ce matériau mélodique est tellement puissant et là on ne parle plus d’une culture qui est centenaire mais d’une culture qui est millénaire datant du Moyen-Âge. Ces mélodies ont traversé les siècles jusqu’à nous et sont tellement puissantes que j’ai le sentiment que tu peux jouer n’importe quoi en dessous… ça peut être le bordel le plus total, au-dessus tu vas mettre un chant grégorien et ça va mettre tout le monde d’accord. En tout cas, c’est le ressenti que j’ai vis-à-vis de ces mélodies-là. Pour moi, c’était ce qui manquait pour faire le lien entre le jazz et le métal et faire en sorte que tout cet alliage tienne ensemble et soit super solide via ce matériau qui, pour moi, est vraiment l’élément le plus solide ainsi que la base même de la musique occidentale. »

Tu as répondu partiellement à ma prochaine question : qu’est-ce qui qui t’a motivé à faire cette fusion des trois ?

« La motivation, c’est aussi la passion ! Dans toutes ces années formatives, j’ai eu de la passion pour ces trois univers. Et aussi le fait que je joue de l’accordéon, que j’écoute ces musiques-là qui sont quand même des musiques qui se jouent pour la plupart du temps assez fort. Ça se joue avec de la batterie, de la basse… Il y avait toujours une frustration de se dire « en fait, ces instruments jouent fort et, moi quand je joue à côté, je me fais facilement couvrir ». Et hop ! mon instrument disparaît dans le background. Tu peux écrire des trucs intéressants, tu peux l’amplifier, tu peux y ajouter des effets mais ça ne m’intéressait pas de ouf de rajouter des micros sur l’instrument pour faire concurrence à un instrument comme la batterie ou la guitare électrique, qui est déjà naturellement super fort. Ça ne me satisfaisait pas sur le plan sonique. C’est là où l’accordéon augmenté entre en scène. L’idée, c’était que je puisse jouer d’un autre instrument en parallèle avec l’accordéon, et donc mettre des capteurs électroniques sur les notes. Ça me permet de diriger des synthétiseurs. Avec mon instrument acoustique, j’ai des sons qui sont directement électriques. Donc je ne change pas la nature acoustique de mon instrument. Ça sonne toujours comme un accordéon. Il n’y a aucun traitement qui est fait dessus. Mais en parallèle de ça, je joue en même temps des synthés, en rassemblant tout sur le même instrument. Donc, j’ai décidé de pitcher ça comme un accordéon augmenté puisque ses capacités sont augmentées via des capteurs électroniques. Ça ressemble juste à un accordéon avec des fils qui pendent de partout, et j’ai un synthétiseur à côté de moi auquel l’accordéon est branché. Visuellement ça fait un peu Kubrick ! »

Je vais revenir à l’accordéon plus tard. Question un peu plus chill maintenant : qu’est-ce que tu retiens le plus dans l’univers médiéval ? Qu’est-ce qui t’inspire le plus ? Plus globalement : t’es team roman ou team gothique ?

(Rires) « Carrément team gothique ! Ce qui m’inspire le plus, en dehors du matériau mélodique des chants grégoriens qui est ultra puissant, c’est le côté épique du Moyen-Âge. Épique dans le sens que c’est énorme en fait. Par exemple, typiquement pour rester dans le local avec la cathédrale de Metz, je ne peux pas passer à côté sans m’arrêter, la regarder et me sentir tout petit. Il y a plein de détails dedans : les gargouilles qui font flipper, tous ces vitraux… Pour moi, c’est juste épique. Je n’utilise pas forcément ce mot dans le côté roman épique avec une histoire chevaleresque où il faut aller sauver la princesse. Ce n’est pas ça qui m’intéresse. Épique, c’est l’adjectif pour qualifier la sensation que j’ai quand il y a un truc ultra impressionnant et que t’as l’impression que tout va s’écraser au rouleau compresseur. Au Moyen-Âge, on faisait de l’art pour Dieu, pour une puissance supérieure. Les gens à l’époque se mettaient au service de quelque chose de gigantesque, de plus grand que la race humaine, de plus gros que la planète ou l’univers. Ils se mettaient au service d’un truc qui les dépassait. A contrario de notre époque contemporaine où on est plutôt au service de soi-même et de son intériorité. Il y a beaucoup de musiciens et d’artistes qui sont dans l’introspection, de par ce qu’ils voient en leur être le plus profond. Ce n’est ni comme ça que je vois les choses, ni ce que j’ai envie de montrer. J’ai envie de montrer ce truc incroyable où on se dit « Regardez comme c’est ouf ce qu’on peut faire ! » Pas ce que je peux faire mais ce qui est possible de faire ensemble, au même titre que construire une cathédrale. D’ailleurs, j’avais l’intention de mettre une cathédrale sur la pochette du premier album. Je voulais que ce soit une cathédrale parce que c’est la première image que j’ai du truc épique et discordant. Tu vois le tout, le nom de l’album Epic Discordant Vision. T’as les gargouilles qui font flipper. Et en même temps, la vision est complètement éclatée au sol : se dire que Dieu va te punir si tu ne fais pas bien ci ou ça dans cette vie, que tu vas aller en enfer et brûler dans les flammes. Je trouve qu’il y a une imagerie très métal au Moyen-Âge aussi et il y a beaucoup de métalleux qui s’y retrouvent, dans les mythologies et dans l’imagerie moyenâgeuse. Récemment, j’ai pris une claque au Musée de Cluny. C’est le centre national du Moyen-Âge. Ils ont des objets là-bas… des christs en croix qui font trop flipper, des colonnades, des ornementations, des tableaux, des tapisseries… et dans des états de conservation très bons où tu ressens cette espèce de grandiloquence du Moyen-Âge dont je suis fan. Ils ont aussi des restes saugrenus : j’ai vu une espèce de retable qui s’ouvre. À l’intérieur, c’est comme une espèce de poupée russe avec des personnages moyenâgeux trop cools qui sont en train de se bastonner avec une espèce de personnage religieux au milieu. Il y a des purs objets là-bas, des trucs où tu restes une heure devant à baver. »

Je reviens maintenant à l’accordéon : qu’est-ce qui t’a amené à choisir cet instrument ? Dans quelle mesure recommanderais-tu sa pratique ?

(Rires) « Alors une heure par jour, tous les jours, pendant 17 ans… ça vous rendra absolument fou ! En fait, je ne recommande pas du tout la pratique de cet instrument. J’en rigole mais j’ai commencé parce que j’étais petit et que je voulais plus ou moins faire du piano. Sauf que ma grand-mère paternelle avait un accordéon qui traînait dans son grenier. Elle avait tenté de faire jouer mon père et ma tante quand ils étaient gamins. Ça n’a pas du tout pris. Du coup il y avait ce vieil instrument qui traînait au grenier, qu’elle m’a littéralement mis sur les genoux. Pour faire plaisir à mamie, j’en ai fait donc. Ça n’a pas duré longtemps parce que ce n’était pas vraiment mon choix. Ça a duré 2-3 ans, j’avais 6 ans. Après j’ai déménagé et pas moyen de retrouver des cours collectifs. La version longue de cette histoire ou director’s cut, c’est que j’aimais jouer en collectif. Les premiers cours que j’ai eus, c’était avec un vieux dans un village où on était 4 ou 5 gamins et on jouait tous le même truc à l’unisson. C’était horrible, ça ne sonnait pas ! Parce que tu ne peux pas jouer le même truc à l’unisson avec plusieurs accords. Ça n’a aucun sens. Mais il y avait cette ambiance de collectif, de « on apprend un morceau ensemble et on le joue ensemble ». C’était mon premier contact avec la musique et l’éducation musicale. Quand j’ai déménagé, je n’ai trouvé que des cours individuels. Ça m’a gonflé. Je ne voyais pas l’intérêt de faire un truc tout seul et de bosser ce truc tout seul chez moi. J’ai vite abandonné. Je redécouvre cet instrument maintenant en y repensant justement lors des interviews en fait. Je me rends compte que malgré ma petite carrière, j’ai rarement envie de jouer seul. Quand on me propose des concerts seul, je m’arrange toujours pour être en duo, qu’il y ait plus de gens sur scène, qu’il y ait un partage, qu’il y ait cet esprit de collectif. Je ne suis vraiment pas un individualiste de la musique. J’ai ce besoin opposé de partage et de faire quelque chose en commun. Avant de retrouver l’accordéon, j’ai fait du sport et, plus tard quand j’étais au collège, après les cours de flûte en plastique, il y avait cette vieille batterie défoncée au fond de la salle. J’avais un pote qui se posait dessus et faisait du Red Hot Chili Peppers. Il cognait sur ses tambours et ça me rendait ouf ! J’ai eu un vrai coup de cœur. Du coup, j’ai tanné mes parents pour avoir une batterie. Ils n’étaient pas spécialement pour parce qu’une batterie c’est bruyant. Ils n’avaient pas de salle insonorisée chez eux. Ce qu’ils ont quand même fait, c’est qu’ils ont loué une batterie toute pourrie. Ils ont vu que j’accrochais de ouf à la batterie. Je l’avais défoncée… j’avais fait des trous dans les pots tellement je cognais dessus. Au bout d’un moment, ils ont capté que je vivais pour ça. Du coup, j’ai pris des cours de batterie avec un prof local et ça a été mon retour vers la musique. »

Qu’est-ce qui t’a ramené de nouveau vers l’accordéon ?

« J’avais 17-18 ans. C’était ce moment où t’es à la fin du lycée, où tu as les conseillers ou conseillères d’orientation qui t’aident à choisir ta carrière. Je me sentais complètement détaché de ce truc, je n’avais pas envie que ma vie soit la continuation de l’école. J’ai envie que ce soit fini et que je n’entende plus jamais parler des maths, de la physique et de toutes les autres matières qui me cassaient les pieds au lycée. J’avais envie de me lever tous les jours de ma vie pour un truc qui me fasse vibrer et le seul truc qui me faisait vibrer au point où je me voyais le faire jusqu’à mes derniers jours, parce que quand t’es ado t’es en quête d’absolu, c’était la musique. Je me suis dit « vas-y je suis prêt à crever pour la musique ». En partant de cette logique, tout le monde me disait « attention c’est difficile, il faut avoir plusieurs cordes à son arc ». Donc j’ai regardé un peu mon arc. Et qu’est-ce qu’il y avait comme autre corde ? Et bien, il y avait ce vieil instrument que je n’avais plus touché depuis des années. Je l’ai pris sur les genoux et ça marchait tout seul. Même si je ne savais pas lire les notes, l’accordéon m’était ultra familier. Ça venait très facilement contrairement à la batterie où je devais vraiment bosser des heures pour avoir un résultat satisfaisant. Ainsi, petit à petit, il a repris le dessus sur la batterie. »

Tu m’as dit que c’est toi qui as la charge de l’écriture dans Ckraft. Comment fais-tu pour composer ? Quel a été ton bagage pour pouvoir t’occuper de chaque partie ?

« À force de faire des années de conservatoire et de me dire qu’il fallait absolument que je maîtrise le solfège, maintenant je sais écrire des partitions. En l’occurrence dans Ckraft, je me sers des clés basiques de sol et de fa. J’écris pour tout le monde sur ces clés-là et tout le monde sait les lire donc c’est une facilité aussi de pouvoir amener des morceaux déjà sur du papier avec la forme déjà pensée dans ma tête. J’écris tout sur papier, puis je les ramène et on les joue. Je fais aussi des petites previews sur l’ordi, des espèces de trucs avec des sons électroniques tout pourris pour qu’on ait une idée de la forme et de qui fait quoi, qu’on ne soit pas influencé de vouloir faire quelque chose pareil que sur l’ordi. Je me sers de ces petites previews électroniques que je fais avec un logiciel d’édition de partition standard. Les mélodies médiévales ou les mélodies que j’écris, c’est uniquement du matériau compositionnel que j’arrange et que je redistribue dans le groupe. Parfois, il y a certains morceaux où c’est Théo au sax et moi à l’accordéon qui mettons en lumière une mélodie. Et juste après, ça va être repris avec la basse et la guitare. Parfois ça va être juste Théo qui joue une mélodie au-dessus de tout le bordel de ce qui se passe en dessous… c’est vraiment un matériau ultra flexible. Des fois, je me sers juste d’un bout d’une mélodie comme ligne de basse. »

Il me semble que vous avez eu un accompagnement par Le Gueulard Plus. Qu’est-ce que ça vous a apporté ?

« Plein de bonnes choses ! Au début, on a rencontré Igor qui bosse ici, qui faisait et fait toujours de l’accompagnement des groupes. Ils nous ont vite mis à disposition la salle pour qu’on puisse répéter, créer un show lumière avec Thibault [Groche], un des ingés lumière qui travaille ici, avec qui on a tout de suite cliqué et qui maintenant tourne avec nous. Grâce au Gueulard Plus, on a quand même eu les moyens humains et techniques pour mettre sur pied notre préproduction. Il y a eu aussi Manue [Emmanuelle Cuttitta] qui dirige Le Gueulard Plus et qui a poussé pour qu’on soit retenu aussi pour les iNOUïS du Printemps de Bourges 2021. On a fait les auditions à Nancy. Ça nous a fait un bon petit réseau. Ça nous a mis en contact aussi avec les gens du NJP [Nancy Jazz Pulsations] qui s’occupent un peu de ce qui se passe à Nancy biensûr, vu que c’est le plus gros festival de Nancy et même de l’est de la France en jazz. Ça nous a mis dans une boucle professionnalisante, pas forcément professionnelle tout de suite mais professionnalisante au taquet. Aujourd’hui, on revient jouer en première partie d’un pur groupe qui est en tournée ici au Gueulard Plus, Arka’n Asrafokor, et on est trop content ! »

Tu as abordé les iNOUïS et le NJP. Est-ce que tu as un festival ou une salle que tu rêves de faire avec Ckraft et pourquoi ? Quel serait votre goal ?

« Il y a plusieurs réponses à cette question. La première qui me vient spontanément, c’est l’idée que j’aimerais jouer dans des endroits où on n’attend pas le projet, genre dans un opéra ou un vieux théâtre. Des salles qui ont marqué l’Histoire. T’imagines Ckraft à l’Opéra Garnier ? C’est décalé de fou mais c’est ça qui me ferait vibrer, de réussir à organiser un événement. Bon, pour le moment, c’est juste impossible. Pour l’instant d’un point de vue plus cartésien, j’aimerais bien qu’on joue au Hellfest. Qu’on joue dans le plus gros festival de métal de France devant des hardos et tester le projet sur ce genre de scène. Si on peut déjà jouer dans le off, c’est cool. Mais en vrai, j’aimerais bien qu’on joue dans un bon spot avec un bon public déjà bien dans le bain. Pas qu’on joue en satellite mais dans un endroit où on puisse tester cette musique dans ces conditions-là et avec ce public de hardos qui sont venus là pour se gaver de metal et de voir comment ce public-là réagit à cette musique. J’ai le sentiment que ça peut être trop classe ! »

Dernière question : quel est ton dernier coup de cœur musical ?

« Alors, pas du tout besoin de réfléchir pour ça ! C’est clairement Arka’n Asrafokor ! On a fait leur première partie la semaine dernière à l’Espace Django à Strasbourg pour la première fois et on refait leur première partie ce soir au Gueulard Plus. J’espère qu’il y aura d’autres premières parties à l’avenir parce que c’est la grosse claque. Ils mélangent des éléments de leur musique togolaise d’origine et du metal super puissant et super crade dans les guitares. Ça m’a foutu une sacrée claque ! Je me suis fait mal à la nuque l’autre soir quand on a joué juste avant eux et que je suis resté pour tout leur concert. C’est super authentique. T’es en face d’un vrai tsunami. De la même manière que j’utilise dans mes compos cette auto-appropriation culturel européenne de civilisation judéo-chrétienne comme le chant grégorien, j’ai le sentiment qu’eux utilisent leur matériau originel et ils le subliment par le metal. Il y a une force qui émane de ça qui est incroyable, qui m’a pris aux tripes. Le percussionniste qui s’appelle Mass chante un chant clair ultra puissant. C’est un sacré chanteur et un sacré musicien. Il chante très juste dans les aigus et là, paf ! grosse guitare qui rentre ! Ça fait un contraste de ouf. Et il tape sur ses cloches, t’as l’impression que le son passe en 3D autour de toi. Du coup, gros coup de cœur ! »

Et en concert, qu’est-ce que ça donne ?

C’est discordant, frais et puissant. Bien que la musique soit purement instrumentale, je n’ai pas ressenti le besoin d’une voix. Les sonorités intriguent. Le power trio se fait lourd et invite à headbang mais n’efface ni le saxophone ni l’accordéon. D’ailleurs ce dernier donne une touche visuelle un peu sci-fi avec tous ces fils. Les lights se déchainent. Les mélodies médiévales et les particularités du jazz ajoutent de la dissonance, une bizarrerie finement amenée. À découvrir en live à la Boule Noire ce lundi !

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